2005), 277. 79 Voir Ferrucci (éd. Whether you've loved the book or not, if you give your honest and detailed thoughts then people will find new books that are right for them. cit., p. 93. οὐδ ΄ ὑπὲρ τούτων 23 Ils viennent effectivement à la tribune : voir Esch. C’est notamment la défense adoptée par Lycophron dans le plaidoyer rédigé par Hypéride : Pour moi, juges, j’ai passé parmi vous ma vie entière à Athènes ; pourtant jamais encore je n’ai encouru aucune accusation compromettante, ni porté de plainte contre aucun citoyen ; je n’ai eu à soutenir aucun procès, et je n’en ai intenté à personne101. αὐτοὺς καὶ 281 Ὁ γὰρ οὕτως 107 Rubinstein, Litigation and Cooperation, op. 1.92 : « Celui de tous nos tribunaux qui rend le plus scrupuleusement la justice. 144 Voir Esch. τὸν καλὸν κἀγαθὸν ), Profession and Performance. ; (…). 3.28 (col. XXXVIII). Je longe le relief du bouchon de mon stylo. (...) Εἰ δ ΄ οὖν ἐστι cit., p. 140 : « This expression and variations of it commonly designate objective or factual truth as opposed to conclusions drawn from arguments. Il attaque Démosthène sur son irrespect des règles de prise de parole par âge (Contre Ctésiphon, 2 et 4, Contre Timarque, 23). 150 Dém. ), Démosthène. + γε : quant à moi, pour moi), τοιοῦτος, ἐστὶ σημεῖον, 40L’argumentation est similaire dans le discours Pour Euxénippe, dans lequel le synégore, Hypéride lui-même, précise que l’adversaire, Polyeucte, a dénoncé l’appel effectué par Euxénippe à plusieurs synégores (§ 11)109. Il va jusqu’à dire, dans la République, que celui qui, comme lui, s’occupe de réflexions philosophiques « est disgracieux (ἀσχηµονεῖ) » et « paraît ridicule (φαίνεται γελοῖος) » dans un tribunal177. 52Démosthène est bien obligé, dans les discours suivants, de reconnaître une certaine habileté oratoire. Socrate le félicite un peu plus loin pour la brièveté de ses réponses (διὰ βραχυτάτων)60. ἐν οἷς πρὸς τοὺς 138 Voir, par exemple, les conseils donnés dans Isocr. Si la stratégie diffère, les fondements du procédé demeurent identiques. Or ces deux substantifs n’ont pas exactement la même signification28 : le premier se rapporte aux actes qui ont eu lieu en général alors que le deuxième possède également un sens plus précis, puisqu’il peut se traduire par « l’affaire » au sens de l’affaire en cours29. τῇ πατρίδι, καὶ l'État, ni dans son propre intérêt, se présenter Puis, après vous avoir entraînés loin de sa fraude (ἀπό) et vous avoir suspendus à ces espoirs, le voilà qui prend son élan et propose un décret aux fins de nommer des ambassadeurs qui iront à Erétrie… […] [Pour prouver] que je dis vrai (ὅτι δ’ ἀληθῆ λέγω), supprime le brouhaha et les trières et les fanfaronnades (τὸν κόµπον καὶ τὰς τριήρεις καὶ τὴν ἀλαζονείαν), et lis en insistant sur la perte que vous a subrepticement infligée cet homme infâme et impie37. 14 C’est le cas, par exemple, de Michael Gagarin (éd. 162 Louis Gernet (éd. Ce résumé schématique correspond évidemment à un idéal-type, qui ne se retrouve jamais dans son ensemble à l’intérieur des discours, mais dont les segments ont été précédemment assemblés un à un. : être citoyen; administrer l'état; être un homme Ce dernier prévoit que Démosthène et Ctésiphon « vont faire de longs discours (πολὺν ποιήσονται λόγον)40 » pour répondre à son attaque selon laquelle Démosthène n’a été ni élu ni tiré au sort pour la charge d’inspecteur des fortifications, rôle pour lequel la récompense d’une couronne est mise aux voix. prévoit un danger, ce n'est pas lui qui est au même ), Hypereides, op. Surtout, il explique que son adversaire se prévaudra probablement de son inexpérience pour souligner, au contraire, l’expérience des procès de Lycurgue : Mais voici qu’en outre Léocrate va s’écrier tout à l’heure qu’il est un simple particulier (ἰδιώτης), en proie à un discoureur et à un sycophante retors (καὶ ὑπὸ τῆς τοῦ ῥήτορος καὶ συκοφάντου δεινότητος ἀναρπαζόµενος). Discours. 26 Si, comme il en a été question dans le chapitre « L’ère des témoins » (p. 73-78), témoignages et faits peuvent concorder, c’est dans leur mise en contraste avec les discours, comme l’illustre un passage d’Antiphon (Ant. 62Que ce soit vis-à-vis de l’inexpérience ou de l’inhabileté à parler, Socrate utilise les orateurs comme miroir de la pratique philosophique. 277 c'est tout le contraire : il est au service de vos ennemis et se τοῦ ῥήτορος, Là-bas, pour ce qui est du travail, il s'en donnait plus que tous ses domestiques, tandis que son père ne cessait de lui répéter: « C'est pour toi que tu laboures, c'est pour toi que tu herses, pour toi que tu sèmes mais c'est pour toi aussi que tu moissonneras, c'est à toi en définitive que reviendront la joie et l'abondance (1) qui paieront toute cette peine. 50Dans la réplique, à savoir le deuxième discours Contre Aphobos, Démosthène n’hésite pas à signaler ses erreurs dans le suivi de la procédure, notamment le fait qu’il n’a pas de témoin pour appuyer un point car il ne connaît pas bien le fonctionnement des procès (§ 2)147 : il n’avait pas imaginé que la dette acquittée par son grand-père serait évoquée et se dit pris de court. PAR. Il se présente comme n’ayant jamais été inculpé, ce qui l’a préservé d’aller au tribunal, et ce malgré son âge avancé, précision qui renforce l’argument. 149 Dém. Comme le résume François Hartog, si l’évidence des philosophes comme Aristote ou Cicéron est liée à la vue, « il en va bien autrement de l’évidence des orateurs. Michel Menu le regrettait déjà il y a plus de quinze ans : « Que l’on veuille voir en elles des topoi, soit ! Cet argument, qui revient à plusieurs reprises dans les discours conservés102, est paradoxal : le plaignant manifeste son manque de connaissance des joutes judiciaires, mais laisse la place à des individus reconnus comme des spécialistes dans l’art des discours. ». Une procédure est lancée contre lui mais il meurt et c’est son fils qui doit en répondre. C’est la deuxième phrase du discours. Celui qui a cet état d'âme, son cœur, ou, s'il ne peut faire autrement, il faut qu'il sache [1.4] : τὴν δεινότητα τὴν ἐν τοῖς λόγοις. d'accord avec le peuple d'Athènes. cit., p. 38-39. CONTRE CTÉSIPHON. Ce n’est d’ailleurs pas la seule fois qu’il insiste sur son incapacité rhétorique157. Dans quel cas l'homme politique et l'orateur 3.100-101. 280. Après la condamnation déshonorante qui le fit sortir d'Athènes, il s'était retiré à Rhodes. L’anonyme renchérit : Quant à ce qui se passa au repas, le récit en serait trop long (µακρότερος ἂν εἴη λόγος) pour moi à raconter et pour vous à entendre : mais je vais essayer de vous raconter ce qui suivit le plus brièvement possible (ἀλλὰ πειράσοµαι τὰ λοιπὰ ὡς ἐν βραχυτάτοις ὑµῖν διηγήσασθαι), comment le don du poison fut effectué46. ἐμοῦ μήθ ΄ ὑπὲρ En agissant ainsi, le philosophe reconduit exactement le schéma des orateurs, qui dénoncent la longueur du discours de leur adversaire afin de se présenter eux-mêmes comme ceux qui s’expriment rapidement et, par conséquent, peuvent être crus. Siron, Nicolas. ποιήσασθαι 13 Din. (ἡ) : la nécessité; expr. καὶ ἀγαθοῦ Tableau 47 : Évocations par les orateurs de la fréquentation des tribunaux. ας (ἡ) : la déclamation, les vocalises, προ-αιρέομαι , υκος (ὁ) : le héraut ( N'est-ce pas La précision reprend la finalité accordée à la concision chez les autres orateurs : elle assure l’évidence des faits, non pas en effaçant l’intermédiaire que constitue le discours, mais en les exposant le plus exactement possible. Voir aussi Isocr. L’évidence des faits. Cette exception confirme finalement le cadre général dégagé dans ce chapitre : le genre épidictique est moins soumis à la recherche de l’adhésion d’autrui que les genres judiciaire et délibératif, dans lesquels il s’agit du principal enjeu. cit., chap. (ἡ) : la bienveillance, l'amour, la bonne disposition d'esprit τὸν καλὸν κἀγαθὸν ), Eschine. 277 (…) Mais enfin, si je possède quelque 52) au début des années 360. En outre, la non-fréquentation du monde judiciaire peut, sans être formulée explicitement, être mise en scène. 45Il arrive, dans quelques cas, que les orateurs expliquent avoir pris la parole pour défendre la cité (tableau 48)131. cit., p. 170-174. des passions quelconques. 5Ces deux marques de réflexivité ont souvent été déconsidérées par les spécialistes du droit. La recension en signale l’apparition chez tous les orateurs sans exception et sur toute la période couverte par la source judiciaire. τοῦτον ἢ προσέκρουσέ La contribution de Robin Osborne fait un bilan historiographique de la question, tout en montrant que la sycophantie, certes dépréciée, était aussi d’une importance vitale pour la démocratie athénienne. parti, ὅλος,η,ον 1.109 ; Lys. Il en profite pour détailler les origines de ces principes (p. LXIX) et propose deux pistes : l’école isocratique à laquelle fait référence Quintilien (Institution oratoire, IV, 2, 31-32) ou même Corax selon Doxopatros (Hugo Rabe (éd. ταῦτα γὰρ γενναίου Le plus souvent, les orateurs présentent leur exposé comme « bref » et emploient le lexique de βραχύς. VULAINES (1989) EST UN TRAVAIL QUI CONFRONTE DES IMAGES DE LA RÉALITÉ INTIME DE LA MAISON DE FAMILLE : LITS PHOTOGRAPHIÉS À HAUTEUR D’ENFANT, TAPISSERIES, PAPIERS PEINTS DÉCOLORÉS ET DÉTAILS AGRANDIS DE PHOTOS DE L’ARTISTE ET DE … orateur que l'on estime, ni le ton de sa voix ; c'est la conformité 83 Voir Victor Bers, Genos Dikanikon. : formes du pronom réfléchi (renvoie au sujet), βεβαιόω,ῶ Pourquoi les logographes l’employaient-ils116 ? » Le lien entre la brièveté de parole, la clarté et la crédibilité est essentiel : ces trois dimensions sont intrinsèquement liées les unes aux autres. en particulier, à titre privé, pour mes Elle ne se comprend que comme une construction reposant sur la dévalorisation de la longueur du discours dans la transmission des informations. L’apparition de ces représentations pourrait témoigner d’un changement culturel à l’époque classique : c’est au moment où le problème commence à se poser que la mémoire des périodes antérieures se transformerait. κινδυνεύω De même, quand Alcibiade tente de retenir Socrate, lassé des longues répliques de son interlocuteur, il demande à Protagoras de parler « sans faire suivre chaque réponse d’un long développement pour esquiver l’argumentation (µακρὸν λόγον ἀποτείνων, ἐκκρούων τοὺς λόγους) et refuser de se justifier, et sans se répandre en discours jusqu’à ce que les auditeurs aient presque tous oublié (ἐπιλάθωνται) sur quoi portait la question posée68 ». non seulement du fait qu'il parle en faveur de l'ennemi, mais aussi Supporting Speakers in the Court of Classical Athens, Historia Einzelschriften, 147, 2000, p. 47-48) explique qu’il s’agit en fait de synégores* (plus précisément Mnason, Liparos et Pythion). 56Comment comprendre un tel paradoxe ? » Voir toute la démonstration p. 87-91. που, κατὰ τούτων. choisir, ἐξαίρετος,ος,ον Pour les passages s’y rapportant, voir Élise Lehoux, Nicolas Siron, « Montrer, démontrer : Phryné et le dévoilement de la vérité », Cahiers « Mondes Anciens », 8, 2016, https://mondesanciens.revues.org/1697, § 1, n. 4-6. Alfred P. Dorjahn (« Anticipation of Arguments in Athenian Courts », Transactions and Proceedings of the American Philological Association, 66, 1935, p. 274-295) s’est prononcé très tôt en faveur de la deuxième hypothèse. cit., p. 65-67. L’originalité de l’adversaire de Démosthène vient à nouveau des métaphores qu’il emploie. : entier, tout entier; le plus grand; le plus important, Traduction DEMOSTHENE, Quand, accusé d’impiété, il est forcé de comparaître au tribunal, il demande à s’exprimer comme il en a l’habitude dans sa vie quotidienne : Car, sachez-le bien, c’est la première fois aujourd’hui que je comparais devant un tribunal ; or j’ai soixante-dix ans. cit., p. 103-121. : tout prêt, fabriqué de toutes pièces), τοσοῦτος,-αύτη,-οῦτο μικροψυχίας Quant aux faits, je vais essayer de vous raconter la vérité (περὶ δὲ τῶν γενοµένων πειράσοµαι ὑµῖν διηγήσασθαι τὴν ἀλήθειαν)48. Précédemment, Démosthène a déjà souligné le fait qu’il n’a quant à lui versé d’argent à personne, dénonçant implicitement la corruption des témoins d’Eschine (§ 81). DELA. Καίτοι τίς ὁ se présenter devant vous. La portée de ce terme est éminemment négative, comme le note Victor Ehrenberg, « Polypragmosyne: A Study in Greek Politics », Journal of Hellenic Studies, 67, 1947, p. 58. ), Plato. + Α (ἐφ ΄ ἃ ) : sur, vers, pour, en vue Seul l’adversaire est ainsi associé à la rédaction d’un discours et à l’habileté oratoire. αὑτῷ βεβαιοῦν, adversaires ; c'est à ces moments-là. Au contraire, c'est ce que je fais, moi (le vois-tu ?) la majorité, de détester ou d'aimer ceux qu'aime ou que Dinarque efface ainsi son rôle d’accusateur pour reporter l’attention des juges sur les faits « eux-mêmes » (ἐξ αὐτῶν τῶν ἔργων), comme si ces derniers n’avaient pas été exposés dans son argumentation mais étaient entrés tout seuls dans l’enceinte judiciaire. 76 En ce qui concerne l’inexpérience, l’ἀπειρία n’est pas seule considérée : les passages utilisant ἰδιώτης ont aussi été pris en compte. ), Lysias. 177 Platon, République, VII, 517d5-e2. : les mêmes choses) : le même, πολλοί, de chaleur ; le lieu est si bas, qu'il ne saurait recevoir que les der- 10. nieres pointes de ses rayons, qui sont d'autant plus beaux qu'ils. Le raisonnement juste, dans Les Nuées, est d’ailleurs placé du côté de l’éducation à l’ancienne186. μὲν μὴ ἔχειν ταῦτ Les faits (τὰ πράγµατα), Eschine, sont les [témoins les] plus sûrs de tous (πιστότατ’ ἐστὶν ἁπάντων), dont on ne peut dire ni prétendre qu’ils sont tels par docilité ou faveur envers qui que ce soit ; ce sont eux qui, à l’enquête, apparaissent (φαίνεται) comme tu les as faits toi-même par ta trahison et ta corruption20. ), Plato. 41Le thème de la non-fréquentation des tribunaux est tellement important que Mantithéos, le plaignant des discours Contre Bœotos, commence par se défendre de tout « amour des procès (φιλοπραγµοσύνῃ)113 » : il ne veut pas être classé dans la catégorie de ceux qui font régulièrement des procès. τούτους θεραπεύων εὐθέως ) : traduire : affermir, consolider; garantir; fortifier, φύσις, : être à l'ancre, mouiller, être au mouillage, ἀσφαλεία, relier à τι κινδυνεύεται 86 André Soubie, « Les preuves dans les plaidoyers des orateurs attiques », Revue internationale des droits de l’Antiquité, 3e série, 20 [= RIDA, 28], 1973, p. 173. ἐκ τούτων, Αἰσχίνη, Il en vient à nier toute activité auprès des tribunaux (§ 31), en affirmant notamment qu’il ne s’est jamais porté accusateur (§ 33) et qu’il a même évité de s’approcher des tribunaux (§ 38). 1.1-2), passage qualifié par Virginia J. Eschine avait appelé 4 Voir Bernard Vouilloux, Le tableau vivant. flatte précisément les gens du fait desquels le pays si long discours, c'est un témoignage de haine privée, καθ ΄ ὑμῶν οὐδ Les reparties de Socrate qui s’étendent sur plus de cinq ou six lignes ne sont pourtant pas rares dans les dialogues de Platon. se dépenser en longs discours. Cette incapacité à parler peut être terrible, comme le prédit Calliclès à Socrate dans le Gorgias : « En ce moment même, si on t’arrêtait, toi ou tout autre de tes pareils, et qu’on te jetât en prison sous le prétexte d’une faute dont tu serais innocent, tu sais bien que tu serais sans défense, pris de vertige et la bouche ouverte sans rien dire ; puis amené devant le tribunal, mis en face d’un accusateur sans aucun talent ni considération, tu serais condamné à mourir, s’il lui plaisait de réclamer ta mort178. προορᾶται τινα Voir en particulier p. 202-241. προορᾶται τινα Ces questionnements signalent la dimension réflexive des paroles des orateurs : les plaignants, à travers les plaidoiries qui nous sont parvenues, parlent d’eux-mêmes. Gorgias accepte bien volontiers de parler « aussi brièvement que possible (ὡς διὰ βραχυτάτων) » – déclaration extrêmement semblable à celles qui apparaissent chez les orateurs –, puis, de manière également redoublée, promet que son interlocuteur n’aura jamais rencontré « langage plus concis » (βραχυλογωτέρου)59. 111 Il cherche alors à montrer la différence entre les procès privés, auxquels il convient de ne pas participer, et les procès publics, qui permettent de défendre la cité et auxquels il s’est donc largement adonné. Οὐ γὰρ αὐτῇ après avoir monté de toutes pièces une cit., p. 25-26. cit., p. 166, qui analyse ce motif à travers la grille d’opposition masses/élites (p. 166-170). : ce, cette; celui-là, celle-là, cela, ἀρνέομαι,οῦμαι 34 Outre cette citation du Contre Timarque, voir aussi, dans le Contre Ctésiphon, la critique faite par Eschine aux longs développements de Démosthène qui ne peuvent que nuire à ses clients (§ 200-201). Τὸ δὲ δὴ καὶ τοὺς Rassegna di problemi e di studi (1912-1972), Padoue, Editrice Antenore, 1977, p. 117-118. Une telle récurrence a conduit certains commentateurs à n’y voir qu’un cliché33, mais cette interprétation ne peut épuiser les explications à donner au motif, ainsi qu’en témoigne Eschine, qui a le plus développé le thème34. ), Demosthenes: On the Crown, op. Cette autodescription doit être déconstruite : voir Nicolas Siron, « Des galets dans la bouche. 282 Ἆρ La succession di Kiron, Pise, Edizioni ETS, 1998, p. 146. en ce domaine (1) , vous trouverez tous que, dans les affaires Voir encore Esch. ἐπαίνου κατηγορίαν 78 La jeunesse peut aussi être critiquée, ce qui est visible dans une occurrence : Épicharès, le plaignant du Contre Théocrinès du corpus démosthénien, dit que ses adversaires ont remis en cause sa jeunesse (§ 58). 26La fin de la phrase, traduite par Alfred Croiset et Louis Bodin comme une proposition finale, peut être rendue littéralement par « si je dois être persuadé par toi ». 159 Isocr. ἰδίας ἔχθρας Démosthène déploie ces idées de façon pertinente, puisqu’il a tout juste l’âge requis pour porter l’affaire en justice. ), Démosthène. τοῖς χρόνοις Voir aussi Robert Flacelière, La vie quotidienne en Grèce au siècle de Périclès, Paris, Hachette, 1959, p. 296-297. Il emploie donc les thèmes bien connus du manque d’expérience et de la non-fréquentation des enceintes judiciaires, ce que Michel Menu dénonce comme « une trace d’ironique subtilité du vieux professeur, pirouettant avec une lucidité féroce155 ». cit., p. 63-67) va dans le même sens en cherchant à ne pas confondre « social types with real social groups » (p. 66). 151 Yunis (éd. 51 Il ne convient néanmoins pas d’exclure que ces développements peuvent répondre à des objectifs rhétoriques. 90 Voir Lionel Pearson, « Historical Allusions in the Attic Orators », Classical Philology, 36, 1941, p. 219. Il ne doit pas les entretenir dans La tranquillité est mise en valeur dans Les Guêpes, dans la tirade du coryphée qui explique que le poète comique s’est battu contre un monstre qui forçait ceux qui aimaient rester sans tourments (τοῖσιν ἀπράγµοσιν) à prêter le serment contradictoire et à déposer des témoignages, c’est-à-dire à régler des poursuites judiciaires184. ), προσ-κρούω 2, « Come si ricostruisce il passato », en particulier p. 37-39. τις ἐμπειρία Ces derniers, ne sachant pas comment bien composer leur plaidoirie, parlent le langage de la vérité : ils ne savent que transmettre les faits. 3 Une seule phrase a survécu, grâce à Harpocration et Hésychius, mais ne concerne pas l’opération de dévoilement. Rhetoric, Ideology, and the Power of the People, Princeton, Princeton University Press, 1989, p. 174-177. Isocrate en vient à présenter son enseignement comme une liturgie*, car pourvoyeuse de bons citoyens (p. 101-102). τούτους θεραπεύων Immagine storiografica, pratica giuridica e retorica nella Grecia classica, Turin, Einaudi, 1996, p. 37-45. ), Demosthenes, op. [6.24]. 1Selon le Pseudo-Plutarque, Hypéride défend Phryné, accusée d’impiété dans les années 340-330, avec une stratégie radicale : « Comme elle allait être condamnée, il la fit avancer au milieu de la salle (εἰς µέσον) et, ayant déchiré sa robe, il exhiba (ἐπέδειξε) sa poitrine. 113 Dém. ἀλλὰ καὶ εἴ ἥκειν, πᾶσαν ἔχει À l’opposé, Lysimachos, son adversaire fictif, se voit doté du savoir oratoire (§ 25 : δύναµις). La différence n’est probablement pas si nette dans l’esprit des Athéniens eux-mêmes, comme le montre la conclusion qu’Isocrate donne à l’ensemble de son développement où il concède : « Mon habileté, ma philosophie ou mon occupation (δυνάµεως εἴτε φιλοσοφίας εἴτε διατριβῆς), comme il vous plaira de l’appeler169. {4.8-9, 35-37}), dans l’optique de montrer qu’il a été à chaque fois innocenté. ), Nomos, op. Le discours s’achève au § 114. Par contre, j’en connais qui ont gagné leur cause bien que fort mauvais orateurs (κακῶς πάνυ διαλεχθέντας) et sans l’aide de témoins98. ἔχειν. La réflexivité négative est un moyen de maintenir, en apparence en tout cas, la souveraineté du peuple. Cicéron (De l’orateur, II, 94) s’est laissé piéger par cette autodescription : « De son école, comme du cheval de Troie, ne sortirent que des chefs. affaire à ses ennemis, dans ce cas-là seulement. », dans Bouchet, Giovannelli-Jouanna, Isocrate, op. Quelques années plus tard, Eschine crée de nouvelles variations sur ce thème dans le discours Contre Ctésiphon, qui l’oppose toujours à Démosthène. οὐδενὸς χρηστοῦ. En effet, Hypéride – ou Phryné selon les versions – dénude partiellement sa cliente précisément au moment où il se rend compte qu’il ne convainc pas les juges. Dans le dispositif de vérité, le thème de la fréquentation des tribunaux s’oppose à l’évidence des faits. οὐ μόνον τῷ λέγειν Dans le Contre Ctésiphon, il emmène en imagination les juges à Thèbes (§ 157) et dans la Stoa Poikilè (§ 186). L’éventualité d’un tel procès signale le rejet du recours à un orateur professionnel. Erste Periode, Berlin, De Gruyter, 1964, p. 230, la ressemblance des propos de Socrate dans les deux dialogues est aussi notable. 176 Le même procédé semble d’ailleurs à l’œuvre avec Platon en tant qu’auteur des dialogues : voir Patrice Loraux, « L’art platonicien d’avoir l’air d’écrire », dans Marcel Detienne (dir. 35 Esch. ἐναντίους ἐστὶ hors des besoins du peuple, je n'ai rien fait à part moi dans » La présentation du corps de l’hétaïre apparaît comme une arme rhétorique redoutable2. Il n’est pas question, ici, d’ajouter une nouvelle prise de position au débat, mais plutôt de comprendre pourquoi cette obligation juridique a été mise en place dans l’Athènes classique. littéralement "un homme qui a jugé bon". δεῖ ; Ἐν οἷς τῶν ας (ἡ) : l'obligation, la nécessité, Ὃς ( Ὃς Φίλιππον, ὃς ἦν Selon Pascale Giovannelli-Jouanna, qui a analysé l’image qu’Isocrate donne de lui-même dans ses discours, l’explication réside dans sa volonté de montrer qu’il forme des gouvernants et non des experts du genre judiciaire165. ». qu'on hait, λυπέω, cit., p. 53) est éclairant : « In each case a sykophant appears onstage, is mocked, and is then expelled from the stage. Même les très grands orateurs, inclus dans le canon des dix orateurs attiques, intègrent le motif de l’inexpérience. Démosthène vient d'évoquer l'habileté crase : n. le contraire; adv. προσδοκίαν. 10Démosthène en profite pour mettre en cause, par contraste, la sincérité des témoins produits par Eschine, ici les Phocidiens qui doivent évoquer leurs malheurs23. En réalité, Socrate n’est pas si rapide qu’il l’affirme. 3Dès lors, comment procèdent les orateurs lorsqu’il n’y a pas de courtisane à faire monter à la tribune ? Καὶ πῶς ; πρεσβευτὴς 278 Un citoyen honnête ne doit καὶ παρ ΄ ἐμοί Figure 6 : Jean-Léon Gérôme, Phryné devant l’Aréopage, Hamburg Kunsthalle, 1861. La vérité de l’histoire », Le Débat, 56, 1989, p. 47) affirme que « l’enargeia était un instrument propre à communiquer l’autopsia, autrement dit la vue directe, par la force du style ». 185 Isocr. Histoire de l’oraison funèbre dans la « cité classique », Paris, Éditions de l’EHESS, 1981, p. 38 ; Johnstone, Disputes, p. 87-88. ἐπαίνου κατηγορίαν traduction nouvelle librairie garnier frÈres tome deuxiÈme 1931 6, rue des saints-pÈres, 6 avec notice et notes agrÉgÉ de grammaire^ profksseur honoraire lettres pline le jeune. 38L’inexpérience des procès, de nouveau évoquée par la suite (§ 20), se voit ainsi précisée : l’orateur n’a pas l’habitude du tribunal car il n’a jamais eu à répondre d’une accusation – ce qui montre son innocence –, ni jamais porté de charge contre qui que ce soit – ce qui illustre son caractère conciliant. nom de l'État, soit en son propre nom ; et il vient Phryné, l’orateur et le peintre, Paris, Flammarion, 2002, p. 41-52 ; Andreas Wittenburg, « Nu classique et voyeurisme. 32Le plaignant souligne à deux reprises manquer à la fois de la capacité (δύναµις) à bien parler et de l’expérience (ἐµπειρία) des procès. Il fait toujours l’admiration de Socrate : voir Eric R. Dodds (éd. ), Platon, II, Die Platonischen Schriften. nécessité, les maintenir dans le calme et la L’orateur déplore même les moments où il ne peut s’épancher minutieusement sur son sujet, ainsi dans l’Archidamos, discours destiné aux Lacédémoniens : « Sur ce qui dès l’origine a été vôtre, je ne me suis pas étendu en détail (ἀκριβῶς µὲν οὐ διῆλθον). τὴν αὐτὴν ἔχει Voir Harvey Yunis (éd. HISTOIRE. Un contre-exemple se trouve dans Lys. ΄ εἱλόμην τουτοισί, 2Pour autant, le rapport entre le geste et la plaidoirie est ambigu. Le serment implique la divinité Héra, citée à plusieurs reprises chez Platon. L’attaque d’un adversaire en tant qu’orateur habile rejoint ainsi, assez logiquement, la critique de ses discours longs et manipulateurs : c’est parce qu’il a les capacités de faire de beaux discours qu’il peut perdre les juges dans ses circonlocutions. Voir Octave Navarre, Pierre Orsini (éd. τοῦτον προελέσθαι ταῦτ ΄ ἀρνούμενος le peuple et ses adversaires, δήμος,ου Il procède au moyen de l’expression οὐκ ἀπείρως analysée plus haut106. Voir toute la sous-partie « Le goût de la chicane » (p. 59-66). Pour cela, le thème de l’évidence des faits est un précieux secours : la digression est critiquée comme ce qui permet de cacher la vérité et les développements du discours sont perçus comme ce qui éloigne les juges des événements réels31. ), Antiphon. ἐπορεύου πρὸς L’évocation des trières implique aussi le bruit, causé par les rames, et la longueur du bateau, caractérisé par sa dimension filiforme39. 85 Michel Menu, Jeunes et vieux chez Lysias. μισεῖν καὶ φιλεῖν cit., p. 89. έως (ἡ) : la preuve; l'exhibition, φωνασκία, Κατ’ άνθρώσου xei 7irsrou το ζωον Xtytxou , l'animal se dit de l’homme et du cheval. particulier. Dans la plupart des cas, les commentateurs ont cherché à identifier les « faits » en question14. Les discours épidictiques sont préparés pour être lus à haute voix dans différentes situations telles que des cérémonies publiques, ils ne sont pas adressés à des juges mais à des auditeurs-spectateurs. « ce domaine » : 48L’ensemble des références montre une double réflexivité, à la fois celle qu’exprime le plaignant vis-à-vis de lui-même pour se dire inexpérimenté, et celle qui est développée au sujet du genre oratoire en général afin de le dénigrer. 70 Platon, Protagoras, 334c9-d1. αὑτῷ [2.46] ; [5.4] ; [9.39] ; Lys. Il conduit ce développement principalement dans deux discours, le Protagoras et le Gorgias : dans ces deux textes, il réclame à ses interlocuteurs que sont respectivement Protagoras et Gorgias, spécialistes de la rhétorique, de parler brièvement au cours de leur entretien. 1.1. Οὐ γὰρ αὐτῇ δικαστὰς ἀξιοῦν 23C’est plutôt la précision (ἀκρίβεια) qui est valorisée par Isocrate54. 25 L’opposition entre faits et discours (ἔργον/λόγος), très fréquente chez les orateurs, est un trait constitutif de la pensée athénienne depuis l’époque de Solon : voir « A Brief History of the logos/ergon Distinction » dans Adam M. Parry, Logos and Ergon in Thucydides, Salem, Ayer Company, 1988 [1981], p. 15-61, qui soutient pourtant que la distinction connaît un déclin après Thucydide. Sur l’utilisation du thème de l’intérêt civique, voir plus loin. Après la mort de son père, les biens familiaux ont été confiés à des tuteurs, dont Aphobos, qui ont selon Démosthène géré cette fortune à leur profit. 3.11 (col. XXV). » Démosthène nie tout artifice de sa part, et donc toute capacité à tromper. 31.8 ; 45.2 ; Is. Sur le problème que posent les récits des faits anciens, dits « mythes », voir le chapitre « L’appel au témoignage des juges », p. 249-252.